S’inspirant notamment du Népal, un collectif appelé Gen Z Madagascar a déclenché un mouvement de manifestations à partir du 25 septembre. Revendiquant l’accès à l’électricité et à l’eau. Puis, très vite, dénonçant la corruption et réclamant le départ du président Rajoelina. Les manifestations ont embrasé toutes les grandes villes. La gendarmerie et l’armée ont mené une répression violente ayant fait plus de 20 morts.
Il y a eu des pillages très importants de magasins dans toutes les grandes villes. Rajoelina a multiplié les déclarations hors-sol, se discréditant un peu plus chaque fois. Puis, samedi 4 octobre, le CAPSAT (régiment important de l’armée de terre gérant la logistique et les munitions) s’est rebellé, entrainant dans son sillage tous les corps de l’armée, de la gendarmerie et de la police nationale.
Le drapeau de One Piece, coiffé dun chapeau malgache, symbole de la lutte
Incertitudes et tension extrême
Puis Rajoelina a quitté le pays. De même, Ravatomanga, l’homme fort de l’économie prédatrice. Le sénat a destitué son président, fidèle à Rajoelina.
Au jour où nous écrivons ces lignes, l’assemblée nationale a voté la destitution du président (par 130 voix sur 131 votants). Rajoelina, réfugié à Dubaï, a répliqué par la dissolution de l’assemblée nationale.
Ce soir, 14 octobre, la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) vient de nommer à la tête de l’Etat le colonel Randrianirina, chef du CAPSAT, qui dissout la constitution (et la HCC !) et s’engage dans une transition de deux ans.
La France pointée du doigt
Trois événements ont ravivé la suspicion et l’hostilité ambiante contre la France, ancienne puissance coloniale. D’abord, Rajoelina a demandé et obtenu la nationalité française, en 2014, procédure demeurée longtemps secrète pour la simple raison que la constitution malgache prévoit qu’un citoyen de Madagascar qui demande et obtient une autre nationalité (sauf par mariage) perd automatiquement sa nationalité malgache. Ensuite, en fin de semaine dernière, le Préfet de La Réunion a fait une déclaration lunaire et maladroite, indiquant que la France « se tenait prête à toute éventualité ». L’ambassade a ensuite rétropédalé et affirmé que jamais la France ne mènerait d’intervention militaire à Madagascar. Mais le mal était fait. Cerise sur le gâteau : Rajoelina a été exfiltré de Madagascar vers La Réunion par un avion de l’armée française, expressément autorisé par Macron. Ou comment mettre en danger les 30 000 ressortissants français …
24 enfants scolarisés
Par son assemblée générale de juin dernier, l’association a décidé de donner désormais la priorité aux apprentissages visant une acquisition de compétences pour exercer un métier. Nous avons cependant examiné la situation des 70 enfants scolarisés jusqu’à fin juin et décidé de permettre à 24 de poursuivre leur scolarité en la finançant.
Nous avons décidé d’abandonner certaines écoles (CEG Charles Renel, EPP Fanantenana, Salema) à cause des violences et de l’absentéisme des enseignants.
Participation des familles aux frais de scolarité
Dans un souci de faire participer les familles aux frais de scolarité, nous avons décidé de ne pas acheter de cartable neuf pour cette rentrée et de limiter le nombre de cahiers au nombre de 15 (à Madagascar, les écoles ont tendance à exiger un nombre démesuré de cahiers). La participation des familles aux frais est très souhaitable malgré la grande pauvreté. Mais sa mise en œuvre est délicate. Nous subissons bien des pressions, parfois une forme de chantage.
Projet d’apprentissage
Près d’une cinquantaine de jeunes sont venus au bureau, demandant à faire une « formation professionnelle ». Nous avions réuni les familles le 5 juillet et nous n’avions pas bien compris que les familles mélangent les notions de formation professionnelle (en école) et d’apprentissage (dans une entreprise). La grande majorité des jeunes rencontrés à cette occasion n’avaient aucune motivation précise pour une formation.
Nous allons nous engager avec beaucoup de prudence dans la mise en relation des jeunes avec des « maitres d’appren-tissage ». Cette démarche pose de nombreux défis : que les jeunes acquièrent concrètement des compé-tences, que les maitres s’y retrouvent, dans une démarche relativement inédite à Madagascar.
Rigueur dans l’emploi des fonds
Nous sommes en train de bien préciser les modalités et les justifications des dépenses de caisse. A Madagascar, presque tous les paiements se font en espèces. La corruption est générale.
Nous devons être très vigilants sur les dépenses, les modalités de prise de décision de l’engagement des fonds, les justificatifs, la tenue et la transmission des pièces comptables …
Rigueur et contrôles, tâches parfois ingrates et mal perçues. Mais à Madagascar, hélas, il y a ce qu’on dit, ce qu’on écrit, ce qu’on signe, … et puis, ce qui n’a rien à voir, ce qu’on fait qui peut être tout le contraire.