La rentrée scolaire s’est tenue début septembre, à Madagascar comme en France.
L’association prend en charge cette année 103 élèves, du CP à l’université. Les bénéficiaires sont répartis dans 12 écoles différentes.
Cette année, nous avons négocié davantage avec les parents sur le choix de l’école en essayant de privilégier le sérieux de l’enseignement et le respect des droits de l’enfant. Nous avons notamment quitté deux écoles : l’EPP Firaisana et le CEG Mahabibo.
Nos critères pour le choix des écoles : le sérieux de l’enseignement et le respect des droits de l’enfant
Des finances fragiles
Début septembre, nous avons lancé un appel à la solidarité pour améliorer les finances de l’association, mises à mal par l’augmentation considérable de certains postes de dépenses. Plusieurs d’entre vous ont répondu (augmentation du versement mensuel, don exceptionnel, nouveaux « parrains », …). Nous vous remercions au nom des enfants et des familles. Notre situation demeure cependant fragile. Nous savons maintenant que nous pourrons permettre aux 103 enfants de terminer cette année scolaire. Le défi est désormais d’avoir les moyens de leur permettre à tous de poursuivre dans les années à venir. Devrons-nous abandonner certains enfants à la rentrée 2023 ?
Assemblée générale
L’assemblée générale de l’association s’est déroulée le samedi 17 septembre à Pencran. Ci-joint un article du Télégramme de Brest. La réunion a été dominée par deux sujets : les difficultés financières et la réaffirmation des valeurs de l’association.
La maison de la maman de Julie sur la décharge
La maman de Julie
Elle vit sur une décharge avec ses quatre enfants, dont deux bénéficiaires (les autres étant encore très petits). Elle trie les ordures et gagne un peu d’argent en vendant les plastiques et les métaux récupérés.
Cette décharge est un terrain privé, proche d’un canal, inondable.
L’idée du propriétaire est d’entasser plusieurs mètres d’ordures pour le rendre constructible ! C’est une pratique courante à Majunga. La maman de Julie change de compagnon au fil de son errance. Actuellement, son concubin est lui-même ramasseur d’ordures, alcoolique. La famille a été accusée à tort de vol par des voisins, sur fond de racisme. Elle a failli être expulsée.
Nous sommes intervenus avec le propriétaire et le « chef secteur » (autorité du quartier) pour éclaircir et apaiser la situation.
Florencia vend des légumes
Florencia, 21 ans, a terminé sa classe de première en juin dernier, avec un résultat très médiocre : 7,95 de moyenne.
Alors, elle a falsifié son bulletin, transformant le 7 en 9, espérant naïvement que cela ne se verrait pas.
Florencia a décidé d’abandonner l’école, alors que nous avions négocié qu’elle puisse continuer sa scolarité. Sa maman est très handicapée et a du mal à se déplacer. Elle vend des légumes, gagne tout juste de quoi payer le bajaj (tricycle à moteur) pour rentrer le soir à la maison. Florencia a décidé de l’aider à vendre les légumes au marché.
La maman est inquiète pour l’avenir de sa fille. Cette dernière a de faibles capacités scolaires. La situation nous préoccupe et nous allons peu à peu aider Florencia à trouver le moyen de rebondir par le dialogue avec elle et sa maman. Ce n’est pas facile : il n’y a pas de vrais dispositifs d’apprentissages à Madagascar.
La vente de légumes au marché rapporte très peu d’argent, parfois moins que les frais de déplacement pour rentrer à la maison
Lalcool fait des ravages à Madagascar
Saynah et Clairence
Ce sont deux fillettes bénéficiaires, originaires d’Aranta. La famille a été chassée du quartier par la famille du père qui a gardé le peu de meubles et de matériel qu’elle possédait.
Le père est présent. Il est aide-maçon, alcoolique, violent. Il boit le peu d’argent qu’il gagne, crie beaucoup sous l’effet de l’alcool, se montre menaçant, mange par exemple le petit-déjeuner de ses filles, les laissant aller à l’école le ventre vide.
La maman, blanchisseuse occasionnelle, ne veut pas pour autant le quitter. Le couple est ensemble depuis 20 ans. Le père doit partir bientôt en mer.
Saynah vient d’échouer au BEPC. Les mauvaises conditions de vie et surtout l’ambiance à la maison sont très probablement les raisons de cet échec.
Finoana dans une mauvaise passe
C’est une jeune fille brillante d’Andohagara. Elle voulait être médecin. Elle était la fierté de sa mère.
Puis Finoana s’est retrouvée enceinte. Et cela s’est très mal passé. Sa maman l’a frappée. Finoana est devenue la honte de la famille. Alors qu’elle était enceinte de 5 mois, elle a eu une forte hémorragie.
Le bébé est mort. Le chirurgien a extrait le fœtus en pratiquant une césarienne. Bref, le drame absolu.
Nous aidons Finoana à se reconstituer, à reprendre confiance, à envisager de poursuivre ses projets.
Finoana rêve d’être une soignante. Elle en a la capacité. Donnons-lui les moyens de réaliser son rêve